lundi 19 juin 2017

LEGAL, LEGITIME


On peut parler d’une victoire écrasante de Macron à la Présidentielle, aux Législatives, sur tous les plans. Il a TOUS les pouvoirs. Son premier ministre parle d’espoir, d’une nouvelle démocratie,…Mais quelle démocratie ?
Car il y a un point capital qu’on aimerait mettre un peu en sourdine : près de 57 % d’abstentions, du jamais-vu ! 
Cela relativise sérieusement les résultats de ces élections. Reportés en voix, les résultats paraissent moins une volonté de l’ensemble des françaises et français à adhérer au programme néolibéral que va nous asséner ce président, la garde rapprochée de son gouvernement et un parlement quasi muet. Le socle de la victoire est minoritaire, très fragile avec plus de la moitié des inscrits qui ne se retrouvent plus dans les choix qui restaient aux seconds tours de ces élections. Président par défaut, une majorité parlementaire acquise avec très peu de voix (des électeurs inscrits), dans le système institutionnel de la 5ème République, cela est tout à fait possible légalement.
Mais le nouveau président, le gouvernement, l’assemblée nationale ne pourront pas se prévaloir d’une légitimité électorale car ce serait pur mensonge et manipulation des chiffres en sachant que la présentation par pourcentages fausse totalement la réalité du nombre des votants.

IL Y A DONC BIEN CRISE INSTITUTIONNELLE.


couverture de la revue en 1978


La majorité de La République En Marche (LREM) est réelle et massive avec le processus institutionnel actuel qui permet qu’avec très peu de voix des inscrits on peut arriver à obtenir TOUS les pouvoirs. Je dénonçais déjà cette possibilité dans une de mes chroniques cet automne (avec autour de 20 % des inscrits on peut tout avoir). Le MODEM renaît de ses cendres et Bayrou ne peut que rayonner. Les Républicains (LR) ont perdu la moitié de leurs députés, mais ont encore assez d’élu-e-s pour garantir financièrement une survie. Mais cela cache la prise en main de la droite dure au sein du parti et occulte qu’il y a encore quelques mois, ce parti devait gagner la Présidentielle et la majorité législative. Dur bilan, d’autant plus que pas mal d’élu-e-s LR ont rejoint LREM ou vont voter comme eux très bientôt. Baroin, leur chef, se voyait même premier ministre de Macron, c’est dire...Le PS et ses alliés EELV, PR, DVG sont balayés après avoir gouverné en ayant tous les pouvoirs ces cinq dernières années. La France Insoumise (LFI) dont le mouvement est tout neuf en politique avec un travail en profondeur depuis deux ans (comme Macron- LREM) obtient assez d’élu-e pour avoir un groupe au Parlement et donc exercer un débat critique. Le FN enfin passe de deux députés à 8 avec leurs principaux ténors et la réélection de justesse de Collard.

Il faut malgré tout souligner deux points positifs : le rajeunissement de la moyenne d’âge des députés à ...48 ans et surtout l’augmentation de la parité avec 223 femmes élues (sur 577 députés).
Il y a aussi l’élection de François Ruffin qui me fait plaisir et même celle de 3 élus corses nationalistes (sur 4) pour montrer la voie à nos pleutres alsaciens.
Si El Khomri a perdu, Valls semble passer avec 139 voix d’avance et je tiens aussi à pointer du doigt le parcours opportuniste à l’excès de ces carriéristes politiques soit-disants écologistes qui ne le sont que pour obtenir leurs postes rémunérés en étant prêt-e-s à toutes les compromissions. Ainsi, De Rugy qui se présente à la primaire du PS (après avoir quitté EELV pour créer son micro-parti, faire valoir écolo du PS) puis passe chez Macron et garde un poste de député. Idem pour Bompili, même parcours de caméléon opportuniste et Vichnievsky qui faisait partie du casting de Cohn-Bendit, mêmes girouettes politiques. Ces personnages comme un certain nombre d’autres (Baupin, Cosse, Duflot, Placé, Jadot) ont terni l’image de l’écologie politique, ont donné un coup définitif à ce parti aujourd’hui disparu du paysage représentatif.

Un regard sur ma région, pour finir ce tour synthétique des résultats. Terre de légalisme et d’un conservatisme affolant et attristant, l’Alsace a montré une fois de plus combien le changement ne passe pas par l’Est. Jean-Marie Brom (LFI) a échoué de très peu au premier tour. Les candidats macronien LREM était en bonne posture souvent le 11 juin, mais le soir du deuxième tour, on retrouve quasiment les mêmes têtes des Républicains (un est à son 7ème mandat!!!!!) Sur 15 députés alsaciens, on retrouve 9 LR et 6 LREM et ….une seule femme ! Les sortants sont en force, les adoubés par les sortants qui ne se représentaient plus aussi, (Schellenberger/Sordi, Becht /Grosskost, Catin/Christ) ; la nouveauté n’est pas un mot utilisé dans cette région !




Voilà donc un éclairage rapide de cette séquence électorale qui a surtout montré une déliquescence de la politique qui a été décrédibilisée gravement ces derniers mois par l’opportunisme des girouettes politiques, par les mensonges éhontés de candidats, par la trahison politique des élus , par la précarité, la fragilité installée pour casser les lois travail, les services publics et continuer à faire progresser les dividendes des actionnaires capitalistes où l’humain ou le commun ne sont pas des valeurs rentables !

La crise institutionnelle, réelle, la grève générale civique ne pourront pas être évacuées d’un coup de chiffon par la propagande qui nous présentera le côté brillant de la victoire. Cette crise institutionnelle s’ajoute à la crise sociale et ce qui peut sembler apaisé après cette longue séquence électorale n’est qu’un court répit à des tensions qui pourront se révéler bien plus violente, dure que jusque là. La politique est un rapport de force et quand près de 2/3 de la population ne se sent plus écoutée, représentée alors il ne faut pas s’attendre à une trêve sociale d’autant plus que les droits vont être en ligne de mire très vite et que l’exemplarité morale est déjà fissurée après seulement un mois.

La victoire semble belle, mais le socle est très fragile et peu vaciller très vite.
Il y a une réelle crise institutionnelle qui pose un sérieux problème de représentativité, de prise en compte de tous et met en évidence une fracture très nette dans la population française, économique, socio-professionnelle…

L’occulter serait une erreur très grave qui peut engendrer des lendemains très difficiles et tendus.



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