lundi 4 décembre 2017

POLITIQUE ?

« on ne va pas discuter de cela : c’est politique ! » 
« y en marre de la politique » 
« on n’est pas là pour faire de la politique » 
« La politique ? Tous des pourris... »

Bon. Combien de fois on a entendu cela que ce soit au sein de la famille, au sein d’associations, au sein d’une communauté de communes ou d’un conseil municipal. Bref, le rejet est total quasiment et surtout ce mot implique des ressentis très différents selon chaque personne.

POLITIQUE : il y a des gens pour qui, quand vous prononcez ce mot, vous avez l’impression de passer pour un malotru, un voyou, quelqu’un d’impoli, un provocateur, un illuminé qui ne voit rien d’autre, un terroriste qui se cache, ….Tout peut y passer ! Et puis, cela va même plus loin quand on est invité à des cercles de parole, des soirées débats où dans la présentation, il y a noté que toutes les discussions « politiques » sont à exclure de ce cadre !!! Alors là, je reste pantois...On veut bien discuter de tout, mais pas de ça, c’est exclu d’office.
Mais c’est ça quoi ?
C’est quoi quand on utilise le mot « politique » ?
Il faudrait peut-être redéfinir avant d’exclure.

Pour la plupart, ce mot est collé à la « politique politicienne » c’est à dire au spectacle donné par les femmes et hommes politiques, leurs déclarations, leurs mensonges, leurs carriérismes qui les font naviguer de partis en partis (sans aucune conviction), leurs manigances pour garder leurs mandats et les accumuler pour se faire un pactole financier et des manœuvres pas très légales, les promesses jamais tenues, leur clientélisme populiste, ….bref tout ce qui est détestable, à mettre à distance, insupportable. Nous sommes bien d’accord.
Mais peut-on réduire cela à ça ?

Pour moi personnellement, j’aurai tendance à dire (dans mon interprétation) que tout est politique dès qu’on est dans la sphère publique. Il y a certes bien des études comportementales qui ont essayé de nous convaincre que même dans le quotidien familial, notre façon d’éduquer, de vivre, de consommer et même de faire l’amour était « politique » !


 un ouvrage (qui a été réédité) 
à conseiller à tout le monde, grands et petits

  
POLITIQUE (définitions Wikipédia)  : 
Si la notion est polysémique, on a quand même des définitions et des cadres clairs.

Au sens large, Politikos (civilité) indique le cadre général dans lequel une société ou une population est gérée par ses dirigeants. Dans cette direction aussi, on peut parler de la politique d'une communauté, d'une société, d'un groupe social, au sens de Politeia, qui obéit à une Constitution qui définit sa structure et son fonctionnement (méthodique, théorique et pratique). 

La politique porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles.
La politique est donc principalement ce qui a trait au collectif, et se retrouve donc dans plusieurs domaines (économie, droit, sociologie, …)

De façon plus restreinte, la politique se réfère à la pratique du pouvoir, soit donc aux luttes de pouvoir et de représentativité entre des hommes et femmes de pouvoir, et aux différents partis politiques auxquels ils peuvent appartenir, tout comme à la gestion de ce même pouvoir.

Souvent, le mot est complémentaire comme ...stratégie politique, par exemple.



Pour moi politique, c’est s’occuper, se préoccuper de la vie publique, collective dans sa commune, dans une communauté de communes, dans un pays, au sein d’un groupe public à vocation d’animation d’un territoire, ...C’est donc loin d’être un mot tabou qui déclencherait une guerre idéologique de clans, mais bien au contraire, quelque chose de noble qui permet l’échange d’idées afin de trouver les meilleurs solutions à une problématique commune, de façon démocratique et respectueuse de chacun-e.

Parfois, je suis surpris, voire offusqué, quand dans un choix à faire sur un sujet d’une soirée film+débat par exemple, pas mal de thèmes sont rejetés sous l’argument : « ah non, pas ça, c’est politique ! » Je ne comprends pas, car là on est dans un global générique de rejet sans définir ce que chacun-e englobe sous ce mot repoussoir.
Quand on parle d’alimentation, de santé, de liberté, de consommation, de local, de déchets, d’assainissement, de ….bref, quoi que ce soit, il y a des implications décisionnaires qui passent forcément par le canal politique.



 


Le lien social est brisé. Il y a réellement des classes sociales qui se forment et où le fossé se creuse de plus en plus dans un dialogue inexistant. La désespérance est de mise et réelle, la misère aussi. La précarité du travail amènent un quasi esclavagisme muet. Ces soumissions forcées ou imposées se traduisent et se traduiront forcément par une violence larvée mais qui peut devenir visible et cruelle, un affrontement.

Un autre monde est en route, une autre façon de vivre qui me ramène aux années 70 du siècle dernier où le refus d’une société de consommation se traduisait par d’autres façons de vivre, plus sobres, plus démunies, plus autonomes avec une grande qualité d’entraide et d’échanges. Et où l’écologie, la notion de faire partie d’un tout à respecter, à préserver était déjà largement présente. Mais aussi le refus d’un autoritarisme, de la hiérarchie, des ordres de remise au pas, du poids de la morale religieuse, de la bienséance, du conformisme, du qu’en dira-t-on, ...un mouvement libératoire, d’émancipation après des années de guerre et de difficile reconstruction.

Nous sommes bien à la fin d’un cycle (les Mayas l’avait placé fin 2012) avec un changement sensible et évolutif de civilisation, de dogme économique forcé par la fin des réserves d’énergies fossiles, la fin des modèles dominants qui ont amené exploitations, guerres et chaos.
Se rattacher à l’ancien monde avec des pouvoirs centralisés, c’est se rattacher à des privilèges et fonctionnements d’un autre temps qui sera bientôt révolu, automatiquement.

Le pouvoir politique vacille, a montré ses limites et sa fragilité, les partis (en France) ont été tous décimés, décrédibilisés par leurs manœuvres minables qui tournent toujours autour des trois axes qui mènent ce monde de 2017 : pouvoir, argent, sexe, dans le désordre.

Rejeter donc toute discussion car elle serait « politique » c’est vouloir rester accrocher à des restes de règles, afin de se rassurer car tout changement est se mettre en danger, ce qui dans le mouvement permanent des incertitudes nous met en effroi.

Il faut au contraire politiser les débats car c’est de la vie en commun dont on parle et des rapports aux pouvoirs. Réinventer une démocratie locale, directe, des représentant-e-s tiré-e-s au sort, de l’action collective pour le bien-être de tous. Faire vivre les atouts et entreprises artisanales locales, échanger les services, les informations, les connaissances, les savoirs-faire, mettre des moyens en commun, se réapproprier la vie et les décisions qui vont avec.

Si on peut aisément se détourner de la politique politicienne qui a montré tous ses travers, si on peut ignorer un gouvernement qui n’est plus représentatif et qui fonctionne en vase clos, on peut aussi se réapproprier tous les strates de décision localement, inventer des nouvelles façons, se préoccuper plutôt des biens communs que de les laisser aux mains de celles et ceux qui veulent en tirer des profits (personnels), en faire du business, de l’argent.

A partir du moment où on regarde les choses, la vie, autrement que par la lorgnette de survie, alors les perspectives s’élargissent, les possibilités deviennent nombreuses.
Mais pour cela, il faut sortir de l’égoïsme, de l’individualisme, de l’ambition démesurée et créer de nouveaux liens avec son entourage.
Penser ainsi, c’est aussi ….politique, pas vrai ?
Puisque c’est se préoccuper d’une vie collective et des moyens disponibles.

Le mot politique n’est pas un mot sale, ce sont les politiciens (professionnels) qui l’ont sali et ainsi, coupé la branche sur laquelle ils étaient bien installés. Tant mieux.
Cela permet de redéfinir le mot et lui redonner tout son sens premier, un intérêt pour ce qui est commun, collectif et un rapport de force, qu’on peut atténuer ou même faire disparaître.

Lorsque, au niveau d’un Etat, la représentativité sera réelle, on pourra de nouveau s’en préoccuper (pas juste épisodiquement en étant appelé/sommé à mettre un bulletin de vote dans une urne). En attendant, faisons vivre la démocratie, la liberté de penser et parler, à notre niveau, là où on vit. Remettons-y de l’exemplarité, de la compassion et les énergies s’y déploieront.


L’avenir n’est pas écrit.

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